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Les Carnets de Nathanaël
26 mai 2008

Les glaciers

" J'ai, te dis-je,
parcouru les orbes,
toutes, leur courbe enveloppe
j'ai tout vu de leur plaines
et suis allé, une fois,
au coeur des volcans, souvent,
en retirer les feux gelées
des mortelles minutes
passées,
j'ai tout vu là-bas
- Tu n'as rien vu,
et les mers de velours,
bleues sous l'irisation de l'astre
et je sais que là-bas
la fleur est moins fragile,
j'ai tout vu là-bas
- Tu ne sais rien
Tu n'as jamais rien vu :
ni la fleur, ni le pampre
ni les ambres, ni l'ardeur
de la consistance de l'air
à l'étreinte de mes yeux ;
ni la perte du lieu
à l'occasion d'un cillement
de l'être. Tu n'as jamais rien vu
- J'ai vu tout ce qu'il convenait
de voir, toujours : et la neige,
et la pluie,
et sur mes mains, au soir,
la préscience d'une rosée,
et au matin, le brouillard,
l'aube à sculpter,
le monde encore rien,
dieu dans des plis de satin
soutenant ma nuque ;
J'ai vu tout cela,
qui ne se peut conter.
- Tu n'as donc rien dit,
tu n'as jamais rien vu. "

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